Henri Colin (1897-1918), bleuet de la classe 17
Henri Pierre Marie Colin est né le 16 octobre 1897 à Kerfeuillant, en Quéménéven. Il est le fils aîné de Guillaume, cultivateur et de Anne Marie BIGOGNON.
Sur la photo ci-contre il a à peine 20 ans. On distingue à son poignet gauche la plaque-bracelet portant son nom, son prénom et son numéro matricule.
Cheveux châtains, les yeux bleus, il est de taille moyenne (1,64m) et sait lire et écrire.
Il disparaît le 26 juillet 1918, lors de l’attaque de Four-à-Verre dans l’Aisne. Il est alors soldat au 174e régiment d’infanterie.
Mobilisation de la classe 17
Après les terribles pertes des premiers mois de guerre, il a fallu mobiliser par anticipation la classe 15 en décembre 1914, puis la classe 16 dès avril 1915.
La classe 17, ceux qui étaient nés en 1897, avait été appelée à partir de janvier 1916. Ils avaient alors à peine plus de 18 ans. Henri Colin est, lui, incorporé le 7 janvier 1916 au 117e régiment d’infanterie (matricule 3249 au recrutement de Brest-Châteaulin).
Après plusieurs mois d’instruction au dépôt du régiment, il passe au 115e RI le 5 novembre 1916. L’instruction se poursuit jusqu’au 19 mai 1917 où il passe au 174e RI et monte au front.
En avril et mai, le 174e RI est dans l’Aisne où il participe à plusieurs combats. En juin 1917, le régiment connaît, comme beaucoup d’autres, des actes d’indiscipline collective.
De décembre 1917 à mai 1918, le régiment est dans les Vosges.
Avec le 174e RI, seconde bataille de la Marne
Début juillet 1918, le 174e RI est dans le Tardenois, dans l’Aisne. Dans la nuit du 14 au 15 juillet, le secteur subit un bombardement assez intense pendant 3 heures avec une forte proportion d’obus toxiques (ypérite). Les Allemands tentent un coup de main au lever du jour, mais échouent.
Malgré les conditions de terrain extrêmement difficiles (orages ayant détrempé le terrain déjà marécageux), malgré les violents barrages d’artillerie et le grand nombre de mitrailleuses et mitraillettes, le 174° R.I. après 5 jours de secteur prend part le 18 juillet à une attaque générale, avec à sa gauche le 409e RI, et à sa droite les Américains (tel qu’il est précisé dans le JMO). Sa mission : s’aligner sur le Clignon. Le régiment s’empare de la position dominante du Bois de Givry, s’accroche à l’adversaire qui, ébranlé par ses vigoureuses attaques lâche pied et recule. Le régiment le poursuit pendant 30 kilomètres jusqu’à La Fère en Tardenois, prenant part à l’offensive générale vers l’est.
L’attaque du Four-à-Verre
Le 25 juillet, le régiment stationne légèrement au nord du village d’Epieds dans l’Aisne. Un bataillon est placé pour se porter à l’attaque du Four-à-Verre et de la route Four-à-Verre – Croix-Blanche.
Au matin du 26 juillet, la fraction du bataillon Lardet ne peut déboucher des maisons sud du hameau du Four-à-Verre. Un peloton du 1er bataillon marche aussi sur le hameau, mais à mi-chemin est pris sous un feu violent de mitrailleuses qui le cloue au sol et fait 8 blessés. Sur de mauvais renseignements de l’avion divisionnaire, le 2e bataillon du 174e RI (6e et 7e compagnies) se porte en avant. Un feu nourri et extrêmement violent de mitrailleuses bloque son avancée, mais lui permet toutefois de gagner 250 à 300 m de terrain.
Vers 17 heures, la 84e brigade U.S. attaque, accompagnée du bataillon Chapuis. Au prix de pertes sévères, les 6e et 7e compagnies parviennent à avancer leur ligne de 200 m. Vers 18 heures, les Allemands contre-attaquent après une préparation d’artillerie, de minenwerfer et de mitrailleuses d’une extrême violence. C’est probablement au cours de cet intense bombardement que disparaît Henri Colin.
L’effectif du 174e RI, affaibli par de lourdes pertes, ne lui permet plus de continuer la poursuite. Dans la nuit du 26 au 27 juillet, le régiment est relevé dans la forêt de Fère en Tardenois par 2 bataillons du 165e RI (83e brigade américaine).
Dans la période du 3 juin au 27 juillet, les pertes ont été les suivantes : 1 officier tué, 11 blessés. 11 sous-officiers tués, 40 blessés. 101 caporaux et soldats tués, 357 blessés, 11 disparus dont Henri Colin. Le 174e RI compte alors 2056 hommes et 47 officiers et sous-officiers.
Inhumation
Le traitement de la dépouille d’Henri Colin est représentative de celle des millions de morts, du moins de ceux qui ont été retrouvés. Henri colin est d’abord inhumé à Beuvardes, pratiquement sur les lieux même des combats pour la prise du Four-à-Verre. Comme beaucoup d’autres soldats, il sera ré-ihnumé quelques années plus tard dans une nécropole nationale.
En effet, la loi française du 29 décembre 1915 a décidé de la création de nécropoles nationales pour regrouper les corps des combattants « morts pour la France », avec des sépultures perpétuelles entretenues aux frais de l’Etat. Un vif débat prend place à la fin du conflit sur le devenir des corps des soldats inhumés dans les cimetières provisoires. Certains sont partisans de laisser les combattants enterrés aux côtés de leurs camarades sur les champs de bataille où ils sont tombés. D’autres souhaitent le retour des corps aux familles. Finalement, c’est une solution intermédiaire qui est choisie. Le 31 juillet 1920, le gouvernement français décide de créer des cimetières nationaux. Toutefois, par le décret du 20 septembre 1920, il autorise les familles qui le souhaitent à rapatrier le corps de leur disparu aux frais de l’Etat. Ce fut le cas pour environ 30% des corps identifiés, soit 250.000 hommes. 265 nécropoles situées sur le sol national regroupent quant à elles 730.000 corps, identifiés ou non.
La nécropole de Neuilly-Saint-Front (Aisne) a été créée en 1919, et aménagée dans les années 20 pour regrouper les corps exhumés des cimetières militaires de la région du Clignon, de l’Allan, de l’Ourcq, à Coincy, Vinly, Chézy-en-Auxois, Veuilly-la-Poterie, Epaux-Bezu… Aujourd’hui, elle compte 2062 individus tués en 14-18, et 239 en ossuaire et 10 de 39-45.
Sources :
Registres d’état-civil de Quéménéven
Fiche matricule, AD du Finistère (1R-1587 – 1917)
Site Mémoire des Hommes : Base des morts pour la France, JMO du 174e RI